Mégafil : Le monde paysan (Ressources)
Cet article de 20min est pas le meilleur pour faire le tour de la question, d’ouvrir un débat serein avec son titre incendiaire.
Si vous avez d’autre liens qui permettent d’explorer cela, hésitez pas à partager dans les commentaires. Et je les mettrais dans ce post.
En tout cas, il dresse rapidement les contours de la problématique. Moi, j’ai l’impression que c’est devenu un pretexte pour ne pas rénumérer les caissiers et caissières tout comme les automates. Ce n’est pas non plus un boulot génial, c’est ingrat, chiant, robotique.
En revanche, que le supermarché coopératif soit non lucratif et co-géré ça me plait. Que ça puisse créer du lien, ça me plait aussi. Que ce soit rendu moins pénible parce qu’on fait des rotations de 3h/mois, c’est pas mal aussi.
Ça ferait moins de souffrance si tous ces boulots pouvaient etre partagés nottament : homme/femme de menage, éboueuse/éboueur, plongé…et je rêve de ça et cela permettrait une belle mixité sociale. :)
Revenons au supermarché, ces 3h ne seront jamais déclarés, ni reconnu. Et évidement que ça fait baisser les charges quand on ne cotise pas ta retraite. Magique ! Et pour ceux qui recherchent un petit boulot pour leur fin du mois, bon déjà qu’iels se font exploiter, et remplacé par des automates, qu’est ce qu’on leur propose ?
Est-ce que les supermarchés coopératif s’inscrive dans l’ubérisation ? Faut-il redéfinir ce qu’est le travail et sa valeur ? Faut il passer au revenu existence ? (Oui)
L’article zappe la question principale: en cas de bénéfice (ce qui est visé), qui reçoit les dividendes ? Juste les fondateurs ? Tout le monde ? Sur la base du montant cotisé, ou sur la base du travail effectué ?
Vu de loin, ça ressemble à un concept déjà existant : l’apport en industrie. Plutot qu’apporter de l’argent au capital social d’une entreprise, une personne peut apporter son expertise et reçoit des actions/parts sociales en contrepartie.
L’article n’a pas mis les liens, mais la plupart des supermarchés associatifs se constituent en SCOP ou en SCIC qui ont un fonctionnement bien normalisé: s’il y a des bénéfices, il vont en majeure partie dans l’entreprise. Les dividendes sont divisés entre les actionnaires, qui sont … les employé.es, les fournisseurs, les usager.es, etc
Je doute que ce soit des scop, car une scop est réservée aux salariés. SCIC, plutôt.
Mais ça sent quand même le détournement de l’ESS. Fonctionner sur la base du bénévolat sans le récompenser, c’est un peu osé. Qu’une personne y bosse 1h/semaine ou 35h/semaine, ce sera la même pour elle au final. Les éventuels dividendes seront distribués sur la base du nombre d’actions detenues, pas du travail effectivement fourni.
@morras
C’est pas du détournement de l’ESS, c’est que l’ESS est … l’ESS quoi. Si un Etat capitaliste te dit qu’il va créer une catégorie d’entreprises qui font du social, t’inquiètes que c’est pas avec ces outils qu’on fera la révolution. Il s’agit quand même de résoudre des problèmes *sociaux* et de *solidarité* par … l’économie. Ce qui est exactement la raison pour laquelle on a ces problèmes à la base.
Franchement, c’est assez contre-productif d’être cynique de ces choses là. Dans l’ESS je vois surtout des gens qui veulent réellement résoudre des problèmes. Les capitalistes startupers se foutent de leur gueule, ils n’en sont pas à la cooptation.
Tu parles de révolution, c’est bien, mais le but de la révolution c’est une société différente. Une fois cassée celle qu’on a, y a un autre truc à reconstruire et l’ESS est un espace d’expérimentation pour ce genre de choses.
L’«économie» c’est la somme des interactions humaines. À moins qu’on vive tous dans des bulles autonomes dans l’espace sans aide de personne d’autre, on aura une économie. Elle sera peut être basée sur le don et le bénévolat, qui sont des choses qui existent dans notre économie, qui sont légales, et qu’on est libres d’expérimenter aujourd’hui. Les contraintes existent, oui. Les oppositions existent, oui. Mais je doute qu’on ait plus de libertés d’expérimenter au milieu d’une guerre civile que dans le cadre présent.
@keepthepace
Je suis volontairement cynique pour (me) rappeler que l’ESS est un excellent moyen, mais pas une fin en soi, contrairement à ce qui transparaît bien souvent dans beaucoup de discours: “c’est de l’ESS, c’est propre”. Un peu comme le recyclage: pour les générations les plus anciennes, dire " je recycle" est suffisant pour se dédouaner de faire plus. Heureusement on a évolué et le recyclage est juste le minimum alors même qu’on en connait les limites.
Pardon si j’ai été négatif, tu as raison: utilisons les moyens que nous avons, tous autant qu’ils sont, pour défaire le capitalisme et créer notre société de rêve ! Une SCOP ou une SCIC doit devenir la norme pour les sociétés, à partir desquelles on pourra aller plus loin
@keepthepace
Sur l’économie je ne suis pas tout à fait d’accord, c’est pas juste la somme des échanges sous la forme qu’ils ont, c’est aussi les règles que l’on se met pour gouverner ces échanges. À l’intérieur d’une famille aussi il y a toute une masse d’échanges, sans argent ou presque jusqu’à l’indépendance des enfants, mais on ne parle pas vraiment d’économie.
Oui l’économie ça regroupe aussi ces règles.
Et quand même si, on parle d’économie! L’héritage c’est une composante importante de l’économie! On parle également de capital social et culturel. On a tendance à ne voir que les échanges monétaires parce qu’ils sont plus faciles à mesurer de façon objective, mais l’économie c’est bien plus!
@keepthepace
Ah oui, tu as raison. Moi je parlais surtout des échanges de service, d’entraide, de soutien, de dons, etc… Qui ne sont pas de l’économie
Les anars (et certains socialistes) parlent de l’économie du don. Certains économistes aimeraient intégrer le travail non rémunéré dans le PIB. Pourquoi est ce que quand une personne en paye une autre pour faire du soutien scolaire “ça compte” dans l’économie mais que quand c’est grand-mère qui s’en charge, “ça ne compte pas”?
Une des assoces de Lyon que je ne suis pas allé voir souvent mais que j’ai beaucoup aimé chaque fois que j’y suis passé parlait de mesurer et valoriser le temps bénévole à différentes fins. Par exemple dans certaines subventions, l’état peut te payer 50% de tes “frais” le reste étant à ta charge mais ne pouvant pas être composé de “don de temps de travail” par des bénévoles faute de moyens de comptabiliser ça. Je dois avouer que c’est pas ma guerre ni ma trajectoire de me lancer dans ce genre de choses, mais je suis heureux que certain.e.s l’explorent et voient ce qu’on peut faire.
@morras
Par contre pour le coup je suis pas pour la valorisation par quantité de travail, faire ça c’est rester dans la logique d’une valeur d’échange qui est délétère. Ce qu’on veut c’est que tout le monde ait suffisamment de quoi manger, même si Pierre a plus que Paul.
“Rémunérer” à la hauteur des investissements en temps, c’est encore et toujours favoriser les personnes qui ont du temps, de l’énergie, qui sont valides, qui savent faire, etc…
La question n’est pas la récompense du travail bénévole, c’est son exploitation. Tu supposes une distribution de dividendes selon des parts d’action. C’est pas le cas dans les deux projets que je connais un peu. Les profits vont intégralement à la mission de l’assoce (dans mon cas c’est des assoces) et sont réinvestis, soit pour faire baisser les prix, soit pour payer des travaux.
Il y a un vrai débat à avoir sur le modèle du bénévolat, que des idéalistes comme moi aimeraient voir comme le futur du “travail” mais qui risque de fragiliser le modèle social qu’on a, qui lui part du principe que tout travail est exploiteur, hiérarchisé et tente de compenser cette brutalité.
J’aimerais bien que ces deux philosophies (compenser la brutalité du travail salarié et s’en affranchir) ne se considèrent pas comme ennemies mais arrivent à articuler des propositions qui ne se fragilisent pas mutuellement.
C’est la bonne question à poser dans tous les cas. La réponse montrera si on est dans une entreprise capitaliste ou une coopérative non-capitaliste.
Les deux que je connais (vaguement) sont organisés en assoces loi 1901: il est interdit de redistribuer les profits. Les profits vont donc dans la caisse et les membres décident de comment les dépenser: baisse des prix, nouvelle gamme, travaux dans la boutique, lancement d’un nouveau service, etc…
Deux autres modèles non capitalistes existent (à ma connaissance):
À noter qu’il ne suffit pas de se dire coopérative pour fonctionner comme je le décris. Par exemple, Super U est une coopérative officiellement, mais ses “membres” sont des SA individuelles (les supermarchés eux même). Idem je crois pour Leclerc.
Rah il faut vraiment que je fasse ce gros post sur les modes d’“entreprise” non-capitalistes que je traine dans ma todo list depuis plus d’un an…
Je participe actuellement au montage d’un supermarché cooperatif, et je peux te garantir qu’il n’y a aucune redistribution des dividendes. L’ensemble des bénéfices va a des baisses de marges, des investissements dans le magasin ou possiblement un don a une association . L 'AG rassemblant l’ensemble des coops ( une personne=une voix) le décide.
En effet, ça manque d’éléments et c’est plus axé sur le témoignage.