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  • Le sauvetage d’Air France s’est transformé en jackpot pour l’Etat français

    BRUNO TREVIDIC

    Selon nos informations, le prêt direct de 3 milliards d’euros et les 4 milliards d’euros de prêts bancaires garantis accordés par l’Etat pour sauver Air France lui ont rapporté de l’argent. Explications.

    L’aide financière massive apportée par l’Etat français à Air France-KLM pendant le Covid-19 aura finalement été une bonne affaire pour les finances publiques. Le groupe, qui devrait annoncer ce vendredi des profits trimestriels record, a non seulement réussi à rembourser, en mars 2023, avec deux ans d’avance sur l’échéance, la totalité des 4 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat en 2021. Mais encore, Air France-KLM a également reversé au passage de copieux intérêts à l’Etat.

    Selon nos informations, Air France-KLM a ainsi versé, au total, quelque 650 millions d’euros à l’Etat français, au titre de la garantie pour les 4 milliards d’euros de prêts bancaires garantis (PGE) à 90 % par l’argent du contribuable, des intérêts pour le prêt direct de 3 milliards d’euros de l’Etat-actionnaire et des frais de remboursement anticipé.

    Des conditions financières imposées par Bruxelles

    Une somme rondelette pour seulement trois ans de prêts, d’autant qu’elle n’inclut pas les intérêts versés aux neuf banques du pool bancaire. Mais c’était apparemment le prix à payer pour obtenir le feu vert de Bruxelles à l’aide d’urgence de l’Etat.

    Parmi les conditions imposées par la Commission européenne figurait en effet l’obligation pour Air France de s’acquitter d’une prime de garantie sur le prêt garanti de 4 milliards d’euros, dont le coût allait en augmentant au fil du temps et qui pouvait atteindre jusqu’à 375 points de base du taux Euribor. A cela s’ajoutait un taux d’intérêt de 7 % sur le prêt direct de l’Etat-actionnaire de 3 milliards d’euros, converti dès 2021 en obligations hybrides, afin d’alléger le fardeau de la dette.

    Autant de conditions coûteuses, destinées à encourager Air France-KLM à rembourser au plus vite les aides d’Etat. Le groupe Lufthansa, qui s’était vu imposer des conditions semblables pour un total de 9 milliards d’euros, avait d’ailleurs fait tout son possible pour n’utiliser qu’une partie de ces prêts et avait remboursé tout l’argent emprunté dès 2022.

    Une plus-value boursière en perspective

    Cependant, la bonne affaire ne s’arrêtera probablement pas là pour l’Etat français. Sa participation à l’augmentation de capital d’Air France-KLM, en 2022, lui offre également la perspective d’une plus-value potentielle. A l’époque, l’Etat avait en effet accepté de convertir une partie de ses obligations hybrides en prise de participation, pour un montant de 645 millions d’euros. Le prix de souscription était fixé à 1,17 euro par action nouvelle, avec une décote de 40 % sur le cours de Bourse.

    Depuis, le groupe a procédé à une réduction de capital, avec l’attribution d’une action nouvelle pour 10 actions anciennes, qui a faussé la comparaison. Mais le retour aux bénéfices et la poursuite du désendettement devraient tôt ou tard se traduire par une remontée du cours.

    Et toujours plus de taxes

    Le plus rentable pour l’Etat reste toutefois le produit des taxes versées chaque année par Air France. En 2022, ces taxes en tout genre ont représenté près de 1,5 milliard d’euros : 1,2 milliard de taxes diverses sur les billets d’avion vendus par Air France (on en compte six), mais aussi 380 millions d’euros d’impôts non aériens.

    Des recettes fiscales qui se seraient évanouies si Air France avait fait faillite en 2020. Sans ces prêts, Air France-KLM se serait en effet retrouvé à cours de liquidités dès le mois de juin 2020.

    Bruno Trévidic